samedi 14 juin 2014

Posted by Unknown 10:28 No comments
LE PLUS. Devra-t-on bientôt se débarrasser de tous nos produits d'entretien quotidiens ?
Dentifrice, jouets pour enfants et savons pourraient nuire au sperme humain selon une étude germano-danoise.
Les produits chimiques qu'ils contiennent sont-ils à l'origine de l'infertilité masculine ? Réponse de l'endocrinologue Patrick Fenichel.
 
C’est la première fois que l’on montre directement l’effet de plusieurs polluants chimiques présents dans des produits domestiques, sur les spermatozoïdes de souris in vitro, et leur mécanisme d’action.
Bien que cet effet altère deux de leurs propriétés essentielles (mobilité et activation), toutes deux dépendantes de l’entrée de calcium dans la cellule, cela ne prouve pas cependant que l’exposition chez l’homme entraînerait forcément une hypofertilité masculine. Pour mieux comprendre les enjeux de cette étude, il faut la replacer dans son contexte.
Une baisse du nombre de spermatozoïdes

Globalement, un couple sur sept consulte car il n’arrive pas à avoir d’enfants au bout d’un an. C’est beaucoup. Dans 50% des cas, il s’agit d’un problème masculin, et pour l’autre moitié d’un problème féminin, l’association des deux étant fréquente, voisine de 60% des cas.
Par ailleurs, de plus en plus d’enfants naissent aujourd’hui par assistance médicale à la procréation, soit 2%.
Cela nous permet-il d’établir qu’il y a une augmentation de l’infertilité masculine ? C’est une question débattue depuis 1992, soit 22 ans, date à laquelle les premières études sérieuses ont rapporté une baisse des paramètres du spermogramme, sans que l’on soit capable d’y répondre clairement.
Ceci a néanmoins été confirmé depuis, par de nombreuses études mettant en évidence une baisse du nombre de spermatozoïdes, de leur mobilité et de leur morphologie chez des donneurs de sperme fertile.
Des troubles de la fertilité démontrés chez les animaux

Ce constat pose deux questions :
  1. À quoi est-ce dû ?
  2. Cela s’accompagne-t-il d’une baisse de la fertilité se traduisant par un retard à concevoir ?
S’il semble assez logique de répondre favorablement à la deuxième question, cela n’a pas encore été démontré. Nous n’avons ainsi aucune preuve formelle que la fertilité masculine soit en cours de diminution depuis 30 ans. J’émettrais donc une petite réserve ici.
Par contre, les variations de ces modifications d’un pays à l’autre ou au sein d’un même pays d’une région à l’autre, comme par exemple en France, où l’on observe des modifications en Ile-de-France, mais très peu dans le Sud-Ouest, ont fait évoquer des facteurs environnementaux, en particulier l’exposition à des polluants chimiques environnementaux à activité hormonale, estrogénique ou anti-androgénique appelés perturbateurs endocriniens.
On ne connaît pas l’importance de ces effets chez l’homme ni leurs mécanismes, mais on les a par contre observés chez les animaux. On sait que, lorsque vous exposez la femelle gestante à des produits chimiques perturbateurs endocriniens, les bébés mâles sont, à l’âge adulte, confrontés à des troubles de la fertilité. C’est a été démontré pour les phtalates, que l’on trouve dans le plastique, ou encore certains pesticides organochlorés.
"L'effet cocktail" des polluants chimiques
Ce qui est nouveau, dans l’étude publiée par des chercheurs allemands et danois dans EMBO Reports, c’est qu’elle montre une altération de la fonction des spermatozoïdes de souris à l’âge adulte, lorsqu’on les cultive in vitro avec des produits de notre environnement quotidien, tels que le shampoing, le déodorant ou le dentifrice.
Ces produits ont entraîné une perturbation de l’entrée du calcium à travers les canaux ioniques, dans les spermatozoïdes, or, celle-ci est très importante pour leur mobilité : elle est indispensable pour les aider à rejoindre l’ovocyte et pour leur activation nécessaire pour qu’ils puissent pénétrer à travers les enveloppes de l’œuf.
On a, de plus, observé que le mélange de ces produits pouvait être non seulement additif mais aussi synergique, ce qui entraîne une amplification des impacts. C’est ce que l’on appelle "l’effet cocktail" d’un mélange de polluants chimiques, soit ce qui correspond à "la vraie vie".
Doit-on revoir intégralement nos modes de vie ?

Dans la mesure où cette étude n’a pas été effectuée chez l’homme, et où l’altération de la fonction des spermatozoïdes n’est pas nécessairement synonyme d’une baisse de la fertilité, on ne peut se permettre d’en tirer des conclusions trop hâtives, mais on peut toutefois imaginer que les effets seraient similaires chez l’homme.
Est-ce à dire que l’on ne doit revoir intégralement nos modes de vie et ne plus s’exposer à aucun produit ? Sans aller jusque-là, il est utile de recommander dans un premier temps aux personnes fragiles de prendre des précautions : principalement les femmes enceintes et les enfants en bas-âge.
Il serait ainsi préférable d’éviter les déodorants, les savons trop chimiques (préférer le savon de Marseille), les shampoings et faire attention au plastique. Et le plus important restant : ne pas fumer. Car bien au-delà de la nicotine délétère, les goudrons de la cigarette contiennent de nombreux polluants, perturbateurs endocriniens, tels que les dioxines et les parabènes, qui pourraient avoir de graves conséquences sur la mère et sur l’enfant.


Sur le web: Journée Nationale de l'Infertilité 2014 : Zoom sur l’infertilité masculine

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